Me revoilà avec une nouvelle idée de fanfic. Je me situe à la fin du tome 1. James a été vaincu.
Scène de l’hôpital. Je repars à partir du texte d’origine de SM que je reprends ici, lorsqu’il dit à Bella :
« Je comptais rester à Forks, Bella. Ou ailleurs, dans un endroit où je ne pourrai, pas te faire du mal ».
« Ne me quitte pas Edward » le suppliai-je.
Les adieux
Edward me regardait avec une profonde tristesse. Il avait le visage fermé, serré. Il semblait lutter. Je ne connaissais pas encore l’étendue de sa souffrance- de ma souffrance prochaine.
« Bella, écoute…cette histoire avec James s’est finalement bien terminée. Mais qu’en sera- t- il la prochaine fois ? Car il y en aura d’autres Bella… Je ne serai alors peut- être pas en mesure de te protéger ».
Je lui coupai la parole. Je devais à tout pris le faire changer d’avis. Je rassemblai le peu de forces que j’avais et parlai, d’une voix à peine audible.
« Edward, il ne m’arrivera rien. J’ai confiance en toi. Puis il y a les visions d’Alice. Ta famille entière veille sur moi ».
Je tremblais de tous mes membres. La réaction d’Edward, ou plutôt l’absence de réaction, me fit comprendre que mes tentatives pour le rassurer restaient vaines.
« Tu ne comprends pas Bella…Il n’est pas normal que nous devions te défendre. Il n’est pas normal que nous te soumettions au danger si souvent. Non, ce n’est pas bon ». Cette dernière phrase était davantage adressée à lui- même qu’à moi. Je paniquai réellement à présent. La notion du bien et du mal était quelque chose de tellement important pour mon bien- aimé. Je savais que ces terribles dilemmes qu’il s’affligeait à lui- même étaient les seules choses réellement capables de nuire à notre couple.
Je perdis tout sens de la réalité et me mit à hurler. « Non Edward, ne dis pas ça, ne fais pas ça ! Tu n’as pas le droit. J’ai besoin de toi dans ma vie. Pas seulement pour me protéger des vampires mais pour me protéger de moi, de ma vie ! Reste, je t’en supplie ».
J’avais joué la dernière carte. J’en étais consciente. Pourtant, je me savais déjà vaincue. Son regard était déjà loin, à mille lieux de cette chambre d’hôpital. Il élaborait déjà un plan. Comment allait se passer la suite ? Mon cerveau fonctionnait à vive allure, je percevais tout. J’étais en alerte. Je ne savais pas si j’allais m’effondrer ou me jeter à son coup. Puis, je vis son regard. Cette étrange impression qu’il était en paix. Evidemment, il estimait faire le meilleur pour moi. Bien- sûr il souffrait. Mais pour lui, ma vie comptait plus que sa souffrance. Ce regard me tuait littéralement sur place. Tout hurlait dans mon corps « bats toi Bella, dis quelque chose, fais quelque chose !!!!Comment peux –tu le laisser s’éloigner et rester planter là ? ». Pourtant, aucun son ne sortit de ma bouche. Aucun geste. Rien. Le néant.
Edward venait de se lever de mon lit. Je ne comprenais pas la signification de ses traits. Je ne comprenais plus rien, sinon qu’il n’était déjà plus réellement là.
Il se pencha sur moi, déposa un chaste baiser sur mes lèvres. Je le regardai, hébétée.
« Ton père va bientôt arriver Bella. Il ne t’en veut pas, sois rassurée. Ta mère s’occupera bien de toi, à Jacksonville. Tout va bien aller Bella, tout va bien aller ».
Répétait- il ces mots pour moi ou pour lui ? Je ne le saurai jamais. Tout ce que je savais c’était que chacun de ses mots me transperçait le cœur. Je ne supporterai pas plus longtemps la douleur. Il devait faire quelque chose, je ne tiendrai pas…
Il dut le sentir car il se leva. Il m’effleura la main et partit. Ce fut tout.
J’étais assise dans mon lit, enchaînée à une multitude de tubes et appareils en tout genre. Mais ma vraie prison, je venais de me la construire moi- même.
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Livre de Bella
Lorsque mon père entra dans la chambre, je n’avais toujours pas retrouvé mes esprits. Avais- je rêvé cette scène ou étais –je effectivement seule au monde à partir de cet instant ?
A peine entré, mon père était reparti. Il arriva deux secondes plus tard avec une infirmière. « Et bien ma petite, ça ne va pas ? Tu es tellement pâle !!! Tu as besoin de quelque chose ».
Je n’eus pas le temps de répondre que déjà elle avança une bassine près de mon visage. Oubliant toute pudeur, je vomis le peu de choses que mon estomac contenait. Je n’étais même pas gênée. Je n’avais de toute façon plus aucun amour- propre pour moi. J’avais laissé filer mon amour il y a à peine 10 minutes sans réagir. Quel genre de fille pouvait laisser faire une chose pareille ? Certainement pas quelqu’un digne d’intérêt.
Mes parents s’étaient relayés à tour de rôle dans ma chambre. Ils avaient l’air drôlement inquiet et j’étais simplement incapable de les rassurer.
« Bella, ma chérie, dis moi quelque chose, je t’en supplie. Tu as mal ? ». Les trémolos dans la voix de ma mère rendaient ma douleur encore plus insoutenable. Toutefois la culpabilité ne me rendait pas l’usage de la parole. Je ne lui répondis rien. De toute façon, qu’aurai- je dit ? Je ne savais pas moi –même comment je me sentais. J’étais hors de mon corps. Hors de ma tête. La seule chose qui me ramenait à la réalité était les lamentations de mes parents et le « bip » infernal de la bombe à oxygène près de mon lit.
Les trois jours qu’avaient duré mon hospitalisation s’étaient écoulés sans que je ne sente le temps passer sur moi. Bien- sûr je souffrais moins physiquement. J’avais retrouvé des forces, mon plâtre me dérangeait moins et la brûlure à ma main était moins lancinante.
J’étais toutefois comme anesthésiée, en état de choc. A mon réveil, je bénissais le ciel de ne pas avoir retrouvé totalement mes esprits. J’aimais cet état de somnolence, cet évitement. Je ne voulais pas faire face à la réalité. J’affectionnais ces moments où j’étais comme enveloppée dans du coton !
Ma mère était ravie. Je rentrais avec elle à Jacksonville.
J’étais une fille bien obéissante : je faisais ce que ma mère et- surtout- Edward m’avaient demandé.
Je me détestais.
Charlie faisait peine à voir. Il retenait ses larmes. Ses mots qu’il avait dit avant que je quitte la maison résonnaient encore en moi « ne pars pas, je viens juste de te récupérer ». S’il savait à quel point j’aurai voulu rester. Pas seulement pour Edward, ni pour les Cullen. J’aurai voulu mieux connaître mon père. J’aurai voulu me confier à lui, lui qui me ressemble tellement. J’aurai souhaité lui parler de mon secret, lui faire partager un peu de ma vie. J’aurai voulu l’écouter me parler de sa douleur, lorsque Renée était partie avec moi. J’aurai aimé partagé nos points communs : avoir été abandonné par notre être aimé. J’aurai voulu simplement aller manger de la tarte aux fruits avec lui. C’est maintenant que je le quittai que je comprenais tout cela.
Evidemment, je ne dis rien de tout cela à mon peur. Notre manque de communication ne datait pas d’hier et mon état de détresse actuelle n’allait certainement pas arranger les choses ! Je me blottis simplement dans ses bras. Je profitai de ces derniers instants. Ainsi, en l’espace de trois jours, j’avais perdu les deux hommes de ma vie. C’était une douleur violente. J’avais tant besoin d’eux. J’étais faible sans eux, comme incomplète.
Le trajet en avion fut pénible. Je ne parvenais pas à tendre ma jambe. Le vol fut mouvementé, tant les turbulences étaient nombreuses. J’étais nauséeuse. Chaque minute passée dans cet avion m’éloignait de la vie que je m’étais choisie.
La maison à Jacksonville- ma maison- était relativement jolie. Petite mais coquette. Ma chambre était spacieuse. J’avais ma propre salle de bains. Ces détails n’avaient maintenant pourtant plus aucune espère d’importance.
Il était préférable que je ne sois pas revenue en Arizona. Ici, au moins, tout était vierge de souvenirs. Je pouvais créer ma vie, me fabriquer de nouveaux projets. L’oublier serait plus facile. Puis je me ris à moi- même…Comme si j’allais pouvoir l’oublier. D’ailleurs, je ne le voulais pas. Je secouais violement ma tête, comme pour évacuer ces idées. Non, je n’étais pas encore prête à y penser.
Première nuit dans mon nouveau chez moi. Impossible de trouver le sommeil. C’était si calme dehors ! Qui l’eut cru. Voilà maintenant que le bruit régulier de la pluie qui s’abattait sur ma fenêtre me manquait ! Je ne supporter pas ce silence. J’avais besoin de compter les gouttes tomber. Alors que je tentai de trouver un son susceptible de m’occuper l’esprit, je sentis le vibreur de mon téléphone.
Alice.
C’était Alice. Je ne savais pas trop pourquoi mais j’hésitais avant de décrocher.
« Bella, ça va ? ».
Je ne répondis rien, elle enchaîna. « Je voulais savoir comment tu allais. Tu as fait bon voyage, tu as une belle maison ? ».
J’étais tellement en colère. « Ecoute moi bien Alice, si c’est lui qui t’a demandé de m’appeler, tu peux le rassurer. Il n’a pas à sa tracasser pour moi. Je suis toujours vivante. Je lui ai obéi, je suis partie avec ma mère. Qu’il vive en paix ».
« Bella, calme-toi ! Il ne sait même pas que je t’appelle. Il ne m’a rien dit. Il aurait certainement désapprouvé de toute façon. Je m’inquiétais pour toi, voilà tout. J’aurai voulu te parler mais tu es partie si vite ».
« Evidement que je suis partie ! C’est ton frère qui l’a exigé !!! Tu crois quoi, ce n’est pas comme ça que j’avais imaginé les choses ».
Un grand blanc. Alice ne disait rien. Je ne l’imaginais pas énervée. Elle me laissait juste le temps de me calmer.
« Alice, je suis désolée. Je ne suis pas en colère contre toi. Mais contre lui. Contre moi. Contre ces stupides vampires ».
« Je sais Bella. Je peux juste te dire que je n’ai rien ‘senti’. Je ne me doutais pas qu’il allait te quitter. Si je l’avais su, j’aurai tenté de le raisonner. Tu me crois dis ? »
J’étais quelque peu soulagée « non, je ne t’en veux pas. Mais alors, ça veut dire qu’il n’avait rien planifié… ».
« Non Bella, l’idée lui est venue une fois qu’il t’as vu allongée à l’hôpital. Je crois qu’il avait enfin pris conscience de ta fragilité. Ne lui en veux pas. Je crois qu’il a fait le bon choix, outre celui de te transformer ».
Je l’arrêtai net. « Alice, s’il te plaît. Il est trop tôt. Ne me demande de pas d’essayer de le comprendre. Je refuse sa décision. J’ai besoin de lui. Je l’aime. Je me sens vide. Je me sens lacérée de toutes parts ».
« Bella, veux- tu que je lui parle ? Que je vienne te voir ».
Sa voix était empreinte d’inquiétude.
« Je ne sais pas ce que je veux. Je ne sais pas ce qui est bon pour moi. Est-ce que t’avoir avec moi serait une bonne ou une mauvaise chose ? Je suis incapable de le dire. Laisse-moi juste le temps d’être à nouveau capable de penser. Mais merci d’être là. Toi au moins tu ne me laisses pas ».
Passant sous silence mon reproche à peine dissimulé, elle me souhaita bonne nuit et raccrocha.
Ce fut alors que le torrent de larmes s’abattit sur moi. Je l’avais perdue elle aussi. J’avais tout perdu. Je m’étais perdue en allant à Forks. Comment allais- je m’en sortir ?
Le lendemain matin. Sur le parking du lycée.
Etais- je condamnée à revivre la même scène encore et encore.
J’arrivai dans mon nouveau lycée alors que l’année scolaire arrivait à sa fin. Tous les regards étaient braqués sur moi.
Il y avait peu de différences par rapport au mois de mars, à mon arrivée à Forks. Seuls trois choses différaient. Premièrement, ici le soleil était au rendez- vous, déjà tellement lourd pour une heure si matinale. Deuxièmement, je n’avais pas de voiture (mes parents m’avaient certainement estimé trop maladroite pour cela, depuis ma prétendue chute). Et enfin, troisièmement, je n’avais plus aucun espoir. Ma vie allait être banale, digne de moi.
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Cette première journée se passa sans heurts. Tout était tellement habituel. JE constatai que chaque lycée avait son Mike, sa Jessica, etc.
Les cours de sport étaient une fois de plus l’occasion de classer les élèves en deux groupes distincts : les athlètes et les autres. Je pris part dans ce deuxième clan, accompagné par un regard approbateur du professeur d’éducation physique. La pause de midi offrait une représentation parfaite des adolescents moyens : les intellos d’un coté, les sportifs de l’autre, les populaires à gauche, les laissés pour compte à droite. Comme à chaque fois, j’avais été aspirée par un groupe sans que je le choisisse consciemment. La nouvelle Jessica- Cassie de son vrai nom- s’était donné comme objectif d’insérer la petite nouvelle. Elle prenait sa mission très à cœur. Je me laissai faire avec le plus grand détachement. Je fus accueillie dans son groupe les bras ouverts, groupe que je clarifierai des « sympas/ cools/ relax » du lycée. Tant qu’à faire, je n’étais pas mal tombée ! Je n’aurai pas à feindre un intérêt démesuré pour le sport, la photographie ou le maquillage. J’acceptais ce deal avec soulagement. Rien ne m’empêchera donc de sortir de mon mutisme. Je serai la parfaite camarade de classe, imitant à merveille Cassie, riant à ses blagues, militant à ses causes (pour ou contre la barrette dans les cheveux ?). Cela m’allait. Tant que je n’avais pas à être moi. Bella, la torturée.
Si la plupart de mes camarades étaient interchangeables, peu importe sur quelle partie du continent je me trouvais, ILS n’étaient pas là. Ils restaient uniques. Il n’y avait pas de ‘Cullen bis’ ici.
Sans en être vraiment consciente, j’entrepris de chercher chez les élèves le moindre signe d’une quelque conque caractéristique mystique. Je ne me rendais même pas compte que je les dévisageais, que j’analysais leurs moindres faits et gestes. Celui-ci n’avait – il pas couru extrêmement vite ? Celle- ci n’avait –elle pas la peau étrangement claire ?
Je savais que mes recherches étaient vaines. Mais c’était plus fort que moi.
Puis je pris conscience du caractère malsain de mes démarches. Mais pourquoi diable m’obstinais- je à chercher du surnaturel dans ma vie ? Pourquoi ne pouvais- je pas accepter la simplicité de mon existence ? La réponse me semblait pourtant évidente : comment se satisfaire de ces Mike alors qu’on a connu un Edward ? Comment apprécier la vie alors qu’on a connu la fascination ?
Pourtant c’était cela ma destinée dorénavant : me satisfaire de relations simples. Juste apprécier de ne plus être constamment menacée.
« Mais arrête de les fixer comme ça ! T’es folle ou quoi ? Ces filles se sont des pestes ! Si elles t’ont dans le collimateur, t’es finie ici ». J’étais toujours étonnée d’entendre cette voix. Je m’attendais toujours à entendre la voix nasillarde de Jessica. Au lieu de quoi, c’était la voix fluette de Cassie. Mon dieu, comme elles se ressemblaient : filles sans personnalité parmi tant d’autres.
J’osai un coup d’œil aux filles en question. Elle avait raison, elles m’auraient littéralement tuée sur place si leurs yeux avaient été des revolvers.
Je baissai les yeux. J’étais ravie de constater que je retrouvais tout doucement mes capacités mentales : je reconnaissais maintenant une situation de danger lorsqu’elle se présentait devant moi.
Cassie parut satisfaite de ma réaction. Je savais qu’elle s’inquiétait plus pour elle que pour moi. Elle craignait d’être mise dans le même bateau que moi, au cas où ces filles me déclareraient la guerre. Pourtant, j’avais besoin de Cassie. Elle me sauvait, elle m’empêchait de contempler ma vie vide.
La routine s’installait progressivement. Les révisions avaient débuté. Je n’étais pas trop inquiète, je connaissais déjà parfaitement ma matière.
J’avais décidé d’étudier dehors. Je m’étais enduit le corps de crème solaire et m’étais installé dans un transat.
Alors que je me débattais avec les équations, un bruit sourd vint interrompre ma révision.
Jacob se demandait debout devant moi. Bien que nous ne nous étions vu qu’à une reprise, sur la plage, je l’avais reconnu instantanément. Il avait l’air anxieux.
Il se rua sur moi. Il me portait presque jusqu’à la maison. Une fois à l’intérieur, il ne prononça qu’un mot :
« Victoria »
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« Victoria » répéta- t- il. Je ne comprenais rien. Comment est- il au courant de l’existence du vampire ? Mais surtout, pourquoi était- il ici ?
Je sentais une tension qui émanait de Jake, comme s’il était en position d’attaque. Mais savait- il seulement à qui il avait à faire ?
« Jacob, que fais- tu ici ? As- tu vu Victoria ? Je dois t’avouer quelque chose ».
Il me prit par la main et m’entraîna dans le salon.
« Ce n’est pas la peine Bella, je connais toute l’histoire ». Il enchaîna, sans se soucier de mon regard affolé. « Je sens Victoria, elle te traque. Mais ne crains rien, je veillerai sur toi, je te le promets ».
« Mais tu ne peux rien contre elle ! Tu ne fais pas le poids ! ».
Il avait l’air choqué, je dirai même vexé ! Quelle étrange réaction. Il me prit par la main et me fit m’asseoir.
« Bella, tu te souviens les légendes quilleutes ? Et bien j’avais tord de prendre cela à la légère ! Tout était vrai : les vampires, le pacte. Les loups. Bella, je suis un loup. Je viens de l’apprendre moi- même. Je te promets que je ne le savais pas avant. Bella ? Bella ? ». Sa voix tirait maintenant dans les aigus. Je me sentais mal, faible. Il courra dans la cuisine et revient deux secondes plus tard avec un verre d’eau. Je pensais qu’il allait me le tendre mais il me lança l’eau en plein visage ! Cela avait le mérite de me remettre les pieds sur terre !
« Jacob…non…pas toi ! Ce n’est pas possible ! Partout où je vais, j’attire le malheur ».
« Arrête ça tout de suite ! Ce n’est pas à cause de toi mais à cause de ton cher buveur de sang et de sa famille! ». Il était en rogne à présent, il avait frémit lorsqu’il avait prononcé ces mots.
Sans le vouloir, mes yeux s’embrouillèrent. Il n’avait pas le droit de parler d’eux, pas de cette manière d’autant plus. Je n’étais pas encore prête à affronter cela. Il paraissait confus, découvrant que ce genre de paroles était tabou.
« Ecoute Bella, je sais qu’on ne se connaît pas beaucoup mais je te demande de me faire confiance. On a suivi la femme vampire- que tu nommes Victoria- jusqu’ici ». Son ton était presque ironique, comme si l’idée même que les vampires aient un nom était risible. Il continua toutefois. « La meute a perdu sa trace ici. Nous sommes fort inquiets. ».
« La meute ? Quoi ? Mais combien êtes- vous ? ».
« Nous sommes 4 pour l’instant. Les autres se sont dispersés autour de ta maison. Nous la tuerons Bella, je te le promets ».
J’aurai eu besoin d’un nouveau verre d’eau pour bien comprendre la signification de toutes ces informations. « Mais Jacob, comment pouvez- vous la tuer ! Elle est tellement forte ! ».
Il riait, visiblement ma naïveté l’amusait beaucoup !
Désignant son propre corps il me dit « Evidement, comme ça je ne suis pas effrayant. Mais nous nous transformons Bella. En loup. Nous sommes alors très forts et surtout très résistants ! Ne te soucie pas de cela ».
Je n’étais pas plus étonnée que cela par cette information. J’étais blasée, habituée au surnaturel ! J’aurai été plus étonnée de voir Charlie danser la salsa que d’apprendre que Jake pouvait se transformer en loup ! Ma vie d’avant me rattrapait, remplie de dangers. Cela me faisait plaisir. J’étais donc définitivement folle…
Ma mère et Phil étaient ravis d’héberger Jake. Renée ne se posait pas de questions Pour elle, c’était tout à fait naturel qu’un adolescent de 15 ans qu’elle n’avait jamais vu ni d’Eve ni d’Adam se présente chez elle en plein mois de mai ! Encore une fois l’insouciance de ma mère me facilitait la vie.
Jake avait contacté la meute. La trace de Victoria avait été perdue à cinquante kilomètres plus au sud. Il semblait soulagé, mais ne me donna pas l’impression de relâcher sa concentration pour autant.
Jacob dormait sur un matelas à même le sol, au pied de mon lit. J’étais rassurée qu’il soit là, je me sentais en sécurité.
« Merci Jake » furent mes dernières paroles avant de sombrer dans le sommeil.
Je rêvais que j’étais au lycée. Je parlais avec Cassie, l’écoutant me raconter le déroulement minute par minute de son rendez- vous avec Kevin. Je feignais l’intérêt à merveille (il faut dire que j’avais eu l’occasion de m’entraîner à de nombreuses reprises !). Soudain Cassie s’était mise à hurler « protège-moi Bella !!!Comment peux- tu me laisser là ? ». Son regard me retourna les sangs tant elle avait l’air affolée. Puis deux mains d’une extrême blancheur s’approchèrent de sa tête. CLAC. Sa nuque venait d’être brisée. Puis deux yeux couleur or me fixèrent…
« Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaahhhhhhhhhhhh ».
Jake était déjà à côté de moi. Il semblait effrayé lui aussi. Comprenant que je venais juste de rêver, il se tranquillisa.
« Calme toi Bella, tu as fait un mauvais rêve, c’est tout. Sois tranquille ».
Je ne parvenais pas encore à distinguer où finissait mon songe et où débutait la réalité.
« Mais c’était si réel ! Cassie a été tuée par un vampire ! »
« Il n’y a pas de vampire ici » me chuchota- t- il, confiant.
C’est alors que je vis quelqu’un pénétrer par ma fenêtre. Avec une telle aisance et une telle rapidité…
L’obscurité de ma chambre m’empêchait de distinguer son visage.
J’étais pétrifiée d’effroi.
Puis j’entendis cette voix que je connaissais si bien : « qui a dit qu’il n’y avait pas de vampire ici? ».
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Alice. Elle avait ponctué sa phrase de son petit rire argentin. Qu’il était bon de la revoir. Si j’avais été debout, nul doute que je serai tombée tant l’émotion me gagna. Alice était là et directement, je repris confiance. Notre complicité m’avait manqué, bien- sûr. Mais il y avait plus que cela. J’espérais secrètement qu’elle n’était pas la seule Cullen à avoir fait le déplacement.
La réaction de mon amie me prit au dépourvu. A peine entrée, elle adopta cette position typique de défense : jambes légèrement fléchies et écartées, buste ramené vers l’avant et –surtout- des grognements à vous glacer le sang.
Je ne comprenais pas sa réaction. J’imaginai déjà la présence de Victoria dans ma chambre. Peut- être que je ne l’avais pas vu rentrée elle non plus !
Alors je fis Jacob. Il n’avait plus rien du jeune adolescent jovial que je connaissais. Son regard était noir, il était en sueur, il respirait fortement. Je pouvais sentir la chaleur qui émanait de son corps alors que je ne le touchais même pas. Pire que cela, il semblait souffrir ! Il parvint toutefois à articuler quelques mots, non sans mal.
« Bella, dis moi que tu la connais ! S’il te plaît ! ». Son ton était tellement suppliant. Perdue, je ne fus capable que de lui répondre par l’affirmative. Alors je le fis fermer les yeux, se concentrer et se décontracter petit à petit. Ce petit jeu dura quelques minutes, laissant le temps nécessaire à mon ami pour retrouver son calme.
Alice se redressa également tout doucement.
Ils s’épiaient, n’interrompant leurs luttes « de regards » que pour me fixer à mon tour.
« Bon, est-ce que quelqu’un peut m’expliquer ce qu’il se passe ? Je suis larguée là ! ».
Jacob me regardait avec étonnement : « m’enfin Bella, c’est un vampire ! Là devant toi, il y a un vampire ». Il me parlait avec précaution et douceur. Inconsciemment, ses mains s’étaient tendues en avant, comme s’il était prêt à me rattraper ! Il croyait que j’allais m’évanouir ! Mon dieu, il fallait vraiment que je redore mon image, pour qui les gens me prenaient- ils ?
« Evidemment que c’est un vampire, c’est Alice ».
« Excuse-moi Bella ! Je ne suis pas censé connaître tous tes amies sangsues ! » s’énerva- t –il.
« Je préfère qu’on m’appelle Alice ! ». Rien ni personne ne pouvait entacher la bonne humeur de mon amie ! C’était exactement ce qu’il me fallait maintenant.
Elle enchaîna. « Je comprends mieux maintenant ! J’ai eu si peur ! Je ne te voyais plus Bella ! Mes visions s’étaient brouillées ! En fait, j’étais venue te rejoindre car j’ai vu Victoria, elle approchait. J’étais en route et puis, d’un coup, plus rien ! J’ai vraiment paniquée ».
Alors elle nous expliquait qu’elle ne voyait pas les loups, qu’ils n’apparaissaient jamais dans ses visions. Carliste n’avait pas vraiment de réponse à ce phénomène, si c’est que c’était un moyen de défense pour les loups.
« Bella, par contre, je reste inquiète pour Victoria. Je l’ai vu, mes visions…euh, elle avait réussi à t’avoir ! ». Voyant que je blêmissais à vue d’œil, elle se corrigea. « Mais on va l’arrêter, ne t’en fais pas ! Et puis d’ailleurs, tu as un nouveau garde du corps ! Bella un loup, ce n’est pas possible ! » se moqua- t- elle.
« Hé, je suis là mademoiselle la buveuse de sang ! » grogna- t- il avant d’ajoute, ironique : « et je préfère qu’on m’appelle Jacob ».
Alice riait à son tour.
Estimant certainement mon amie inoffensive, il leva les yeux au ciel et se recoucha. Une minute plus tard, il ronflait bruyamment.
« Tu devrais aussi dormir Bella. Je resterai là de toutes façons, tu n’as pas à avoir peur ! ».
« Non, ça va, je ne suis pas fatiguée ! Toutes ces émotions m’ont… ».
Elle me coupa directement, folle de joie ! « Super ! J’ai plein de choses à te raconter ! Elle me parla de ses derniers achats vestimentaires, des vacances qu’elle avait passées avec Jasper- dignes d’une vraie lune de miel à l’entendre et d’autres sujets heureux.
Jamais nous ne parlâmes d’Edward.
Il était trop tôt, elle le savait. Alice me connaissait, savait que le sujet viendrait tôt ou tard sur le tapis mais là, elle savourait sa joie de retrouver une personne qu’elle pensait un tant soit peu intéressée par son monologue. J’étais simplement heureuse d’être près d’elle. De retrouver un peu de ma vie passée…
Pourtant, je sombrais alors qu’elle me relatait en détails l’avancement des travaux dans son dressing…
Le lendemain matin, ma chambre était déserte.
Je sentais l’odeur du café qui chatouillait mes narines. Alice et Jacob discutaient tranquillement avec Renée. Jacob était grognon, ce qui lui donnait un air encore plus enfantin.
Alice semblait parfaitement à l’aise, monopolisant la conversation. Personne ne remarquait qu’elle ne mangeait rien. Ma mère était aux anges, demandant davantage d’explications aux histoires d’Alice qui s’en donnait à cœur joie ! Elle était maintenant debout au milieu de la pièce, mimant la scène. Ma mère applaudissait des mains ! Elles se ressemblaient tant, elles étaient mes soleils.
Je me joignis à eux, ravie de m’évader de l’enfer que je m’étais créé voilà trois semaines.
Je feignis une migraine pour rester à la maison avec Alice. Vu le soleil resplendissant, le choix des activités était plus que limité. Alors que mon amie s’amusait – à mes dépens, mais comment pouvais je lutter ?- à me coiffer, j’osai poser la question que j’avais sur le bout de la langue depuis cette nuit : « Alice, tu es venue seule ? » lui demandais- je d’une voix timide.
« Non, non, Jasper est là aussi. Il préfère nous laisser seules mais il cherche Victoria ».
N’osant pas la blesser, j’adoptais un air ravi. Bien- sûr j’étais contente de le voir. Mais Jasper m’effrayait toujours un peu. Et puis, surtout, ce n’était pas lui que j’attendais.
« Oh, ne fais pas cette tête Bella. Si tu veux savoir si Edward est là… ».
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« Oh, ne fais pas cette tête Bella. Si tu veux savoir si Edward est là… », reprit- elle. Elle fit une pause, vérifiant peut- être si je ne faisais pas une crise d’hystérie ! « Ce n’est pas le cas. Je suis désolée ».
Un long silence régna dans la pièce.
« Bella, je suis désolée ! Oh mais tu pleures ! ». Je posai mes doigts sur mes joues. Effectivement je pleurais, je ne m’en étais même pas rendu compte. De toute façon, c’était toujours comme ça : dès que j’entendais son nom, je me mettais dans des émotions pareilles. Je ne savais pas à partir de quand cela allait commencer à s’estomper mais cela devenait vraiment gênant !
Je hochais simplement la tête, signe de ma défaite. Je n’essayais même pas de me trouver des excuses, c’était peine perdue.
Alice me prit dans ses bras et me serra fort. Son étreinte me gênait d’abord. Nous n’avions été jamais si intimes. Puis, je m’habituai à son contact glacé. Il me rappela celui de son frère. Je frissonnais. « Désolée, tu as froid ». Alors qu’elle relâchait son emprise, je rattrapai sa main. « S’il te plaît Alice, ne t’en va pas ». Elle revint et m’enlaça. Cela m’apaisa à nouveau. Une impression de paix m’empara instantanément. Je me sentais aussi plus forte, comme si elle me donnait son énergie.
Jake arriva dans le salon et lâcha, dédaigneux : « t’as intérêt à prendre une douche avant de te coucher Bella, sinon je ne dors pas dans ta chambre cette nuit ! ».
Nous partîmes tous les trois dans un éclat de rire.
Les jours passaient, sans que rien ne vienne bouleverser le cours de ma vie. Je savourais cette tranquillité, sans être toutefois pleinement consciente que cela ne durerait pas.
Jasper était venu deux jours plus tôt.
Pour la première fois ma mère me fit une remarque « Bella, tu comptes amener tout Forks ici ? ». Elle avait ri. C’était peut- être le signe le plus fort d’opposition que ma mère m’avait manifesté depuis 17 ans !
Jasper et Alice partaient quotidiennement traquer Victoria. Je ne pouvais effectivement pas sécher indéfiniment les cours surtout que c’était la période des examens ! Je n’avais cours que le matin. Chaque après- midi, j’étudiai pour l’examen du lendemain dehors, vautrée nonchalamment sur la pelouse. Cela devint vite notre petit rituel. Jake amenait une couverture et moi deux thés glacés. J’étalais tous les livres et me mettais au travail. Jacob s’endormait.
Jamais je n’ai prit le temps de me dire que j’étais bien. J’agissais comme si ce bonheur tranquille m’étais dû. Comme si je n’avais jamais souffert.
Les examens terminés, une nouvelle organisation s’était créée. Nous nous levions à pas d’heure et passions nos journées à la piscine. Jacob ne manquait jamais l’occasion d’enfouir ma tête dans l’eau. J’aurai voulu l’attaquer mais je m’amusais trop.
Là non plus, je ne remarquai pas qu’Alice et Jasper devenaient de plus en plus distants. Ils se joignaient de moins en moins à nous. Je mettais cela sur le compte du soleil, radieux. Je ne compris pas alors qu’elle me préparait tout doucement à leurs départs.
Nous étions déjà au mois de juillet. Par une belle nuit de pleine lune, Alice me proposa une ballade. Je la suivis, tout simplement.
Elle semblait nerveuse. « Bella, nous allons repartir. Je t’ai observée, tu as l’air d’aller mieux. Victoria n’est plus une menace. Mes visions ont changé. Peut- être a – t- elle eu peur des loups ? Je ne sais pas. Jacob et toi sommes proches maintenant et … ».
« Non Alice, ce n’est pas ce que tu crois ! Je n’éprouve rien pour lui ! Je ne suis pas amoureuse de lui ! Je le lui ai dit ! ».
« Pourquoi es- tu si affolée Bella ? Il n’y a pas de soucis. C’est une bonne chose. Il te fait du bien. Et puis, quand bien même tu l’aimerais, je comprendrai. Je ne te jugerais pas. Tu le mérites ton bonheur Bella. C’est Edward qui a choisi. C’est à lui d’assumer ses actes… ».
Alors elle avait compris : ma culpabilité, l’impression – absurde- que j’avais d’être infidèle à Edward. Elle me donnait sa permission. Non pas que j’en avais besoin mais cela me faisait du bien.
« Merci Alice. Mais je n’éprouve pas ce type de sentiments pour lui. Je ne pense même pas être capable d’aimer jamais un homme de la même manière que j’ai aimé ton frère ».
Elle me sourit. Je me sentais mal : pour la première fois, j’avais menti à Alice. J’avais conjugué mes sentiments pour son frère au passé, alors qu’ils étaient toujours si vivaces.
Le lendemain matin, Alice et Jasper partirent après le petit déjeuner.
Alice s’approcha de moi : « Bella, Victoria ne tentera rien je crois. Si cela devait changer, je te promets que je reviendrai vite ! Ne crains rien. Et puis Jacob veille sur toi. Il est bon Bella, j’ai confiance en lui ». Elle accompagna ses paroles d’un regard pour Jake, en lui tirant la langue. Elle ajouta « Tu n’es plus seule Bella. Je reviendrai te voir de toute façon, que Victoria soit là ou pas ». Elle m’enlaça et offrit sa main à Jasper. Celui – ci me sourit mais ne s’approcha pas. Il semblait mal à l’aise. Peut- être sentait –il ma tristesse ? En tout cas, il ne m’envoya pas d’ondes « apaisantes », et je l’en remerciai. Je voulais ressentir toutes ces milliers de petites décharges électriques qui traversaient mon corps.
Alice se retourna une dernière fois, me fit signe et ferma la porte.
Avec elle, elle emportait ma joie et ma bonne humeur. Elle laissait derrière elle les espoirs qu’un jour peut-être Edward reviendrait.
Me retrouver sans mon amie était douloureux. Encore plus que ce que j’avais imaginé.
Alors je sortis à mon tour et alla m’asseoir dans l’herbe près de Jacob. Il était ma nouvelle vie maintenant…
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Me retrouver sans mon amie était douloureux. Encore plus que ce que j’avais imaginé.
Alors je sortis à mon tour et alla m’asseoir dans l’herbe près de Jacob. Il était ma nouvelle vie maintenant…
Il me regardait fixement. Il avait le même regard qu’avait eu Edward pour moi auparavant. J’aurai donné tout ce que je possédais pour retrouver cette douceur mais pas venant de Jacob ! Je ne voulais pas le blesser.
Il s’approcha de moi et remit une mèche de mes cheveux en place.
« Jake », dis- je. « Tu ne devrais pas faire cela. Je te l’ai déjà expliqué ».
« Je sais .Je n’attends rien de toi Bella. J’accepte ton choix. Mais s’il te plaît, laisse- moi ces moments. Permets- moi de rester auprès de toi ».
Il était si attendrissant. Evidemment que j’allais autoriser cela. Ce n’était pas très sain mais j’avais choisi de tolérer cela. J’étais la mieux placée pour savoir qu’une rupture brutale vous faisait souffrir, à en hurler, comme si l’on vous arrachait les membres uns par uns.
Et puis, si je le repoussai trop violement, ne risquait- il pas de s’enfuir lui aussi ? De me laisser avec mon néant ? Non, je ne le supporterai pas.
En fin de compte, nous nous servions chacun l’un de l’autre. Nos buts étaient différents, certes. Mais nous comblions les lacunes de l’autre, nous réparions les blessures de l’autre.
La rentrée scolaire se profilait tout doucement à l’horizon.
Charlie et Billy étaient venus nous rendre visite. L’un comme l’autre semblait ravi de notre entente quasi fusionnelle. Je n’étais même pas mal à l’aise qu’ils pensent que nous formions un couple. Pourquoi l’aurais- je été d’ailleurs ?
Alors que nous revenions de notre premier jour d’école et que nous mangeons les crêpes que Renée avait préparé pour l’occasion- au goût détestable !- , je fis Jacob se raidir d’un coup ! Il se leva précipitamment et s’enfuit au- dehors, courant presque.
Il ne revint pas ce soir- la.
Alors qu’il m’était impossible de trouver le sommeil, tant l’angoisse me rongeait, je sursautai en voyant entrer Jacob. Il croyait que je dormais car il tentait de ne pas faire de bruit.
« Jacob Ephraïm Black ! Crois- tu vraiment que je dorme ! », ma voix était haute perchée dans les aigus.
« Bella, je suis désolé ».
« Mais tu rigoles ! C’est tout ce que tu trouves à me dire ! Mais t’es dingue ou quoi ! Je me faisais un sang d’encre ! Tu es parti si vite, tu ne m’as rien dit ! J’ai imaginé tous les scénarios dans ma tête ! Dans la plupart d’entre eux, tu ne revenais pas ! ».
Il semblait bouleversé par mes mots, comprenant seulement maintenant à quel point j’avais eu peur.
« C’est Victoria, Bella ! Elle est morte ! ». Il sautait littéralement sur place. Il m’attrapa violement par la taille- ouille !- et me fait tourner sur moi-même.
« Quoi ! C’est fini ? Elle ne viendra plus jamais ? » demandais- je, incapable de comprendre la portée de cette révélation.
« Oui, Bella, elle est morte. Enfin, elle est plus là quoi ! Je ne sais même pas si on dit ‘mort’ pour un vampire en fait ! ». Il riait tout seul !
Alors je tombais par terre ! Il me souleva. Je compris. Et pour la première fois de ma vie, je dansais devant un public-certes restreint !!!
L’euphorie passée, je le bombardais de questions ! Je voulais tout savoir !
« Je ne sais pas comment c’est arrivé ! D’habitude, je ne ‘sens’ la meute que quand je suis en loup mais là, j’ai ressenti un truc, une énergie incroyablement forte ! Ils m’attendaient déjà. J’ai muté à une vitesse incroyable Bella, tu aurais du voir ça ! ». La fierté se lisait sur son visage. Il était si heureux que je le trouvais attendrissant.
« Et puis, on est partis à sa recherche. On l’a encerclé. Elle ne pouvait plus nous échapper ! Et le plus cool, c’est qu’on sentait sa peur ! Trop génial ! Faut dire, qu’on est impressionnants quand on s’y met ! ».
Je le coupai, aussi impatiente que lui. « Et qui l’a eu le premier ? C’est toi Jake ? ».
Il baissa la tête.
« Jake… ».
« Ben je sais pas Bella ! C’est ça le plus drôle dans l’histoire, aucun de nous ne l’avons touché ! On la retrouvée comme ça. Elle brûlait déjà ! ».
J’étais abasourdie.
« Mais c’est grâce à nous, parce qu’on l’a encerclé. On a facilité le travail de celui qui l’a eu, ça c’est sûr ».
Mais déjà je ne l’écoutais plus. Qui d’autre aurait pu faire cela ? Seul un autre vampire avait la force nécessaire.
En une fraction de seconde, ma sensation d’étouffement m’envahit, plus forte que jamais. Comme si ces derniers mois ne s’étaient jamais écoulés.
J’avais fait à dîner pour toute la meute ! Renée était partie en voyage avec Phil et j’en étais ravie ! Elle n’aurait pas supporté de voir la quantité de nourriture que mes amis avalaient ! Elle qui prônait un mode de vie alimentaire stricte ! Trois pains avaient été engloutis, de même que 2 rôtis, une quantité innommable de pommes de terre. Je ne comptais même plus le nombre de paquets de chips envolés !
Pourtant, je n’avais pas faim. J’avais l’estomac noué ! Je ne pouvais cesser de m’interroger sur l’identité de mon mystérieux sauveur.
« Prenez votre temps les garçons. Je vais un peu dehors prendre l’air, j’ai vraiment très chaud ». Ils remarquaient à peine que je partais, tant absorbés par leur repas ! Cela me fit sourire, ils étaient si faciles à satisfaire.
L’air était chaud. Je n’étais nullement rafraichie.
La nuit était magnifique, le ciel rempli d’étoiles. Je m’allongeai à même le sol et contemplai ce spectacle. Cela me rendait songeuse.
Sans savoir pourquoi, sans ressentir aucun malaise, j’avais l’impression qu’Edward m’entendait. C’était absurde, je le savais, mais c’était une sensation presque magique. Je ne souffrai pas, j’étais bien.
« Edward…tu me manques. Je n’arrive pas à t’oublier, je ne le veux pas. J’ai respecté ta décision. Encore aujourd’hui, je m’en mords les doigts. Je ne sais pas pourquoi j’ai accepté. Tu as toujours eu cet effet bizarre sur moi, comme si j’étais incapable de raisonner en ta présence. J’aimerais que tu me reviennes, j’aimerais juste te revoir. Tu sais, je ne suis qu’une humaine et ton visage commence à s’effacer tout doucement dans ma mémoire ! C’est atroce. Je te promets, chaque soir, je tente de redessiner tes traits mais cela devient de moins en moins précis au fil du temps. Tu n’es plus l’ange que j’ai connu. Et cela me fait peur. Comment pourrais- je vivre sans avoir une image précise de toi en moi ? Reviens, Edward. Reviens. Reviens. ».
Je me sentais un peu ridicule d’avoir parler ainsi aux étoiles. Mais, étrangement, j’allais mieux. Cela m’avait soulagée.
C’est le cœur et le pas légers que je rejoignis les garçons. Aussitôt, j’eus envie de partager leur bonne humeur.
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Cette nuit- là, mon téléphone sonna. Il n’y avait qu’Alice pour appeler à cette heure. Même si elle ne dormait jamais, elle oubliait que ce n’était pas le cas de tout le monde ! Mais il m’était tout simplement impossible de lui faire la tête plus de cinq secondes. C’est donc de bonne humeur que je décrochai.
« Bella ? Je ne te dérange pas ? » me demanda - t –elle de sa petite voix de lutin. Cette même voix qui me faisait tant souffrir et me procurait tant de bien à la fois.
« Bien- sûr que non Alice. Pourquoi serait- ce le cas ? Il est 3h du matin, j’ai cours demain. Non bien-sûr que non ! » répondis- je, non sans une petite pointe d’agacement que je regrettai aussitôt.
« Ne sois pas si sarcastique Bella ! Tu as toujours ton sale caractère ! Même être débarrassée de Victoria ne te rend pas plus joyeuse ! Mais que vais- je faire de toi ! Veux – tu que je vienne ce weekend ? ».
« Alice. .euh…quoi ? Non, Jake et moi réparons une moto », dis- je négligemment. « Mais comment es- tu au courant pour Victoria ? ».
J’étais à la limite de l’évanouissement. Imaginer mon amie démembrant et brûlant vive ce monstre me donnait froid dans le dos.
« Merci Bella ! Je vois que tu accordes beaucoup de crédit à mes visions ! Et bien, sache pour ton information que je l’avais vu arriver. Je ne pouvais pas venir moi –même donc j’ai envoyé …euh…Jasper… ».
« Quoi ? C’est Jasper qui est venu ? Il était tout seul ? ».
« Oui, oui » me répondit-elle distraitement. Elle avait la respiration légèrement hachée. Elle enchaîna en m’expliquant ce que lui avait apprit sa vision. Je ne prêtais qu’une oreille distraite à ses paroles, trop concentrée sur l’impression que j’avais. Il me semblait qu’elle me cachait quelque chose. Cherchait- elle à me protéger ou était- ce autre chose ? Cela me préoccupait. Mais visiblement, elle ne voulait rien dire. Connaissant sa tête de mule, je ne tentai même pas de découvrir ce qu’elle me taisait. J’optai toutefois pour d’autres questions, histoire de rassasier quelque peu ma curiosité.
« Et pourquoi n’es- tu pas venue toi- même ? L’adversaire ne te semblait pas digne d’intérêt ? ».
« Bien- sûr que non Bella. C’est juste que je devais surveiller plusieurs choses. Ecoute, pour être honnête je ne sais pas si je peux t’en parler. Tu n’as plus à être mêlée à nos histoires de vampires maintenant ».
Ses paroles furent tel un poignard pour moi. Non, effectivement, je ne faisais plus partie de la famille. A quoi bon me tenir au courant de tout cela dès lors ?
Pourtant je voulais savoir quel était ce tracas. Appelons cela de la curiosité ou bien de l’inquiétude pour eux- pour LUI- mais je tentai une approche pour obtenir satisfaction.
« Non, tu n’es pas obligée de m’en parler bien – sûr. Mais c’est parce que ce tu vis m’intéresse. Tu es mon amie Alice ». Je souriais intérieurement certaine que mon plan fonctionnerait. J’avais utilisé les deux points faibles d’Alice : l’intérêt pour ses histoires et notre amitié !
« Bon allez, oui, tu as raison. Alors voilà, j’ai vu les Volturis et … ».
« Les quoi ? » hurlais- je, tant j’étais déjà complètement concentrée sur son histoire.
« Pffffffff, ça va être plus long que prévu ! Bref, les Volturis sont les ‘rois’ des vampires. Je pense qu’Edw…euh…je veux dire que mon frère t’en avait déjà parlé ».
Elle n’attendait pas une réponse, sachant qu’elle venait de perdre mon attention pendant quelques secondes.
« Bref, je les ai vu et je les vois toujours. Ils veulent attaquer. Je ne comprends pas encore tout à fait la raison de cela car j’ai des ‘trous’ dans mes visions. Et donc Carliste voulait que je reste auprès d’eux pour peaufiner mes recherches. Il a préféré envoyer Jasper à la place ».
« Et ça va, il n’a rien, il n’est pas blessé ? ».
« Non », ria- t- elle « il est même déçu, elle a été trop facile à battre. Elle lui est quasiment tombée dessus, comme si elle avait été contrainte d’avancer vers lui ».
Je souriais, repensant à la fierté de Jacob lorsqu’il m’avait raconté son récit. Oui, il pouvait se vanter d’avoir réellement contribué à la disparition de Victoria.
« Voilà Bella, tu n’as plus rien à craindre. Tu es à l’abri des dangers maintenant. Tu peux retourner à ta vie tranquillement maintenant ».
Me connaissait –elle si peu que ça ? Comment pouvait- elle croire que c’était ce à quoi j’aspirai ? Comme si elle ne savait pas que j’aurai préféré risquer mille fois ma vie pour être avec LUI, plutôt que d’être en sécurité mais abandonnée de lui ?
Non, décidément, Alice n’était pas dans son état normal.
Coupant brusquement ma réflexion, elle enchaîna : « Bella, cela me fait plaisir de voir que tu as l’air d’aller mieux ! ».
Je n’eus même pas le temps de rétorquer Déjà, elle avait raccroché, estimant certainement que ses paroles me feraient plaisir. Pourtant, elles ne firent que raviver mes doutes.
Une fois de plus, la vie reprenait son cours. Je partageais mon temps entre les cours, les moments avec Jake –je tombai de moins en moins à moto !- , les cours de danse – j’étais fermement décidé à apprendre à coordonner mes mouvements afin de ne plus tomber si souvent !- et ma famille.
Qu’il était doux de me bercer d’illusions, de faire comme si j’allais bien.
Je n’allais effectivement pas mal à proprement parler. Disons plutôt que je tentai de donner un sens à ma vie et que j’avais échoué jusqu’à maintenant.
Quelle ne fut pas ma surprise de tomber sur Emmet ce jeudi après- midi. Je rentrais juste de l’école. Il m’attendait devant la porte, tout sourire.
Jamais je ne me serai doutée à quel point sa présence me remplissait de bonheur. Après tout, je le connaissais mieux qu’il se l’imaginait. Non pas en raison d’une entente particulière entre nous mais au travers d’Edward. Les deux frères étaient vraiment proches l’un de l’autre : ils chassaient ensemble et se chamaillaient souvent. C’était aussi Emmet qui m’avait accepté le plus facilement – mise à part Esmée-, bien qu’il n’avait pas tout de suite compris pourquoi Edward n’avait pas succombé à ses pulsions premières et ne m’avait pas tuée directement.
« Emmet ! Euh bonjour », je n’arrivais pas à parler correctement. J’étais encore troublée par les souvenirs qui venaient de refaire surface à l’instant.
« Hé coucou Bella ! Chouette, tu rougis toujours autant » rigola- t –il !
Il y avait vraiment des choses qui ne changeront jamais ! Je riais avec lui, presque malgré moi !
« Alice et Jasper ne devraient pas tarder ! Carliste et Esmée arrivent tôt demain matin. Rose est juste de l’autre côté de la maison ».
Un vent de panique s’empara immédiatement de moi. Il n’était pas normal qu’ils soient tous là.
Je vis pour la première fois Emmet devenir sérieux et adopter un air grave.
Rosaly arriva. Pour tout salut, j’eus droit à un simple hochement de tête.
« Tu lui as dit ? ». Face au signe de tête de son mari, elle leva les yeux au ciel et déclara, sans me ménager.
« Les Volturis seront là demain. On se prépare. Ils sont nombreux. Nous risquons de perdre la bataille. Nous ne connaissons pas les raison de leur colère. Je suppose que c’est encore à mettre en lien avec toi, d’une façon ou d’une autre. Toujours est –il que nous allons être obligés de nous battre ».
J’encaissais la nouvelle.
Serait- ce cela ma vie maintenant ? Devoir faire face aux dangers qui se précipitaient sur moi un à un avec un malin plaisir sans avoir de contrepartie, sans l’avoir lui ?
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Nous étions douze : Carliste, Esmée, Emmet, Rosaly, Alice, Jasper, Jacob, Sam, Seth, Paul, Léah et moi. Bien- sûr, je ne me battrai pas. Bien – sûr je serai un poids pour eux. Mais personne n’avait remise en cause ma présence ici. Peut- être estimaient- ils que je n’avais plus rien à perdre ?
Nous étions tous sur le qui- vive.
Le plus terrifiant était que nous ne savions pas pourquoi nous nous battions. Nous n’avions pu préparer aucune tactique au grand dam de Jasper.
Les Volturis arrivaient par l’ouest.
Bien que je fusse habituée à beaucoup plus de choses que la plupart du commun des mortels, je fus choqué en les découvrant. C’était une véritable armée. Ils étaient une vingtaine. Mais leur nombre était l’élément le moins terrifiant. Ils étaient parfaitement disciplinés, avançant d’un même pas. Ils marchaient la tête haute, arborant déjà une attitude de victorieuse.
C’est alors que je le vis. Edward. Mon amour. Mon soleil. Ma vie.
Il arrivait en courant, du côté opposé de nos adversaires.
Il se planta devant moi, à moins d’un mètre de moi. Mon corps réagit, comme si nous deux corps ne s’étaient jamais séparés. Je le vis trembler aussi. Pourtant il ne dit rien. Qu’avions- nous à dire de toute façon ? Nous étions réunis. Seule cette certitude comptait.
Tout ceci n’avait duré que quelques secondes. Il tourna brusquement la tête vers nos ennemis. J’aurai voulu hurler tant perdre son regard m’était douloureux.
Il se posta devant moi et adoptait sa posture d’attaque.
Mon prince était là, il me protégeait.
Je venais d’être ramenée à la vie. Peu m’importait de mourir à présent. J’étais avec lui.
Celui qui me semblait être le chef fit un geste. D’un coup, la procession s’arrêta. Si je n’avais pas sous les yeux le reflet de ma propre mort, je me serai extasiée devant tant de beauté. Mais mon instinct de survie reprenait le dessus. Mon cœur battait la chamade, à tel point que j’étais étonnée de ne pas le voir sortir de ma poitrine. Edward dut le sentir car il prit la main. Même dans cette situation extrême, je pris le temps de savourer ce premier contact.
Le même homme s’avança d’un pas, bomba son torse et s’éclaircit la gorge. Déjà, ce cérémonial m’irritait ! Au diable le spectacle, qu’on en finisse !
« Ainsi c’était donc vrai ! Vous fréquentez des loups ! » siffla- t- il d’une air dédaigneux.
La meute grogna et avança instinctivement. Carliste fit un geste à Jacob, comme pour lui conseiller de ne pas répondre à cette joute verbale. Sans même se concerter, les loups relâchèrent leurs corps
Carliste s’avança lui aussi. Il paraissait concentré. Il prit la parole, s’exprimant calmement, comme s’il sous- pesait chacun des mots qu’il utilisait.
« Est- ce donc la raison de ta venue Aro ? Tu as déployé toute ta cour pour cela » ?
Il avait insisté sur le mot « cour », non sans ironie. Cela ne manqua pas, Aro releva la provocation. « Oui, Carliste, moi et les miens nous déplaçons toujours ensemble lorsqu’il s’agit de défendre des causes que notre race estime importantes ! Et c’est le cas ici ! La présence de ces loups sous- entend ta trahison envers nous. Es- tu réduit à ça Carliste, à pactiser avec cette sous –espèce ? ».
Carliste voulait répondre mais Aro enchaîna.
« Je vois une humains parmi vous. C’en est trop. Tu n’es pas sans ignorer que notre existence doit rester secrète ! ».
Tout se passa en une seconde. Je ne vis pas tout, mes yeux étant incapables de suivre plusieurs batailles séparément.
La lutte avait lieu. Je ne voyais que des corps qui se déplaçaient à une vitesse vertigineuse, des morceaux de chairs qui volaient dans les airs et des flammes d’une hauteur impressionnante. Je n’entendais que des craquements, des grognements et le crépitement du feu.
Je contemplai la vision d’apocalypse qui s’offrait devant moi.
Nous avions gagné. Nous ne comptions aucune perte.
Pourtant, je n’arrivais pas encore à me réjouir. J’étais pétrifiée. J’étais à moitié assise, dans une position tout à fait anormale. Mais je ne parvenais pas à agir autrement. J’avais froid. J’avais soif. J’avais des nausées. Je devais être en état de choc. Je venais seulement de réaliser que mes amis étaient des vampires et des loups. Je venais de comprendre l’impact de ces deux termes.
Edward se tenait à deux mètres de moi. Pourtant il me semblait loin. Ses yeux bien qu’ayant leur couleur dorée, étaient profondément noirs. Je ne parvenais pas à décrypter son attitude. Je voulais lui sourire, le rassurer mais je n’y arrivais pas. Je sentais ces stupides larmes couler le long de mes joues. Je ne pris même pas la peine de les essuyer.
Jacob fut le premier à me parler.
« Bella, tu n’as rien ? T’as vu ça, trop génial !!! J’en eu deux. Enfin, presque, un et demi quoi ! Waouh, c’était fou ! Je l’ai attaqué sur le côté et paf, j’ai planté mes canines dans son cou. Puis, paf, un coup de pied et pif, j’ai arraché son bras et… ».
« Jacob, s’il te plaît épargne les détails à notre petite Bella ! Tu vois bien qu’elle se sent mal ». Alice était la seule à appeler mon ami par son vrai nom. Elle était aussi là seule à voir que j’avais besoin qu’on attire l’attention sur autre chose que moi. « J’ai compris pourquoi je ne voyais rien ! » lâcha- t- elle. « C’est à cause des loups ! Les Volturis ne pensaient qu’à eux donc je ne pouvais rien voir ». Elle riait à présent, dansant presque sur place. Elle devait être soulagée de savoir que ces visions étaient toujours valables. Je souriais, ravie de cette distraction.
« Oh non, Bella n’est plus toute blanche ! Cela changeait de la voir toute rouge comme d’habitude ! » riait Emmet. Evidement, cela ne manqua pas et je rougis. Tout le monde partit d’un grand éclat de rire. Qu’il était bon de les revoir : Esmée qui couvait les siens du regard, Carliste qui semblait fier de ses ‘enfants’, Rose et Emmet qui se chamaillaient, Jasper qui acceptait malgré lui de sauter sur place avec Alice. Et Edward.
Edward souriait et pour la première fois, s’adressa à moi.
« Oui, cela m’a manqué à moi aussi de te voir rougir. Il est si bon de te voir Bella ».
Il avait enveloppé mon prénom comme une caresse.
Alors il s’avança vers moi. Il prit mon visage entre ses mains et m’embrassa. Tendrement dans un premier temps puis ce baiser devint fougueux.
Oui, j’étais en vie et jamais- même dans mes rêves les plus fous- je n’aurai imaginé connaître pareil bonheur.
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Ce baiser ne finissait pas. Nous étions totalement déconnectés du monde. J’oubliais que je me trouvais toujours sur un champ de bataille, au même endroit où j’avais failli perdre la vie quelques minutes plus tôt.
« Hum…hum…euh gamin, n’oublie pas qu’elle est humaine ! Tu vas nous la casser la ptite Bella ! » s’exclama Emmet. Tout le monde se mit à rire. Sauf nous, trop triste de devoir séparer nos lèvres. Mon amour me fit un clin d’œil, signe qu’il n’en avait pas fini avec moi ! Je devais me concentrer pour retrouver une certaine consistance. J’avais envie de m’éclipser avec lui. Peu m’importe où vous irions, tant qu’il était avec moi. Je n’avais d’yeux que pour lui en cet instant.
Les Cullen étaient restés deux jours à Jacksonville. C’était la première fois qu’il pleuvait depuis mon emménagement. Les dieux devaient être avec moi. Je savourais cette combinaison parfaite de ma vie : j’avais retrouvé Edward, sa famille- ma famille- était à mes coté et j’étais vivante. Il était donc vrai que la roue de la chance tourne !
Nous avions convenu qu’Edward resterait avec moi, tant que Rénée était en voyage. Les Cullen devaient retourner à leurs occupations- ou se doutaient pertinemment que nous avions besoin de nous retrouver en tête à tête.
Alors que nous étions seuls dans la maison, une espèce de malaise s’installa entre nous. Non que je fusse gênée de cette intimité retrouvée mais plutôt je prenais pleinement conscience de la situation. Ce brusque retour à la réalité endeuillait quelque peu nos retrouvailles.
Edward devait deviner que je n’étais pas dans mon assiette car il me prit la main et m’entraîna dans le jardin. Nous nous assîmes à l’endroit même où Jacob et moi aimions nous retrouver. Ce constat ne fit qu’accentuer ma tristesse.
Je n’osai pas lever les yeux vers lui mais je voulais me montrer honnête. Je devais briser les dernières chaînes qui m’empêchaient de me donner totalement à lui.
« Bella, je t’en supplie, dis moi ce qui ne va pas. Je te sens totalement ailleurs. Cela m’est insupportable de te regarder souffrir et de ne rien faire ».
Prenant mon courage à deux mains, je lançais, dans un même souffle- comme si ma rapidité atténuerait l’effet de mes paroles.
« Je veux qu’on parle de ce qui s’est passé après ma sortie de l’hôpital ».
« Ooooh Bella, c’était donc cela. Je regrette, vraiment. J’ai agis comme un idiot. Pardonne-moi. Nous allons recommencer ma chérie. Nous allons être heureux maintenant ».
Il s’avança vers lui et voulu me prendre dans ses bras. Je le repoussai vivement, me détestant déjà de gâcher ce doux moment. Pourtant, je devais lui dire, me débarrasser de ce poids.
« Mais Edward, tu m’as laissée. Je suis partie comme tu me l’as demandé. Tu ne m’as pas retenu. Tu as quitté ma chambre et tu n’es jamais revenu me chercher. J’ai cru jusqu’au bout que tu te serais aperçu que tu t’étais trompé. Mais non, je suis partie et tu n’es pas venu ! Tu m’as tellement fait souffrir ! Est- il si facile de m’oublier ? ». J’étais à présent au bord des larmes, mon corps secoué par des sanglots. Je m’en voulais de donner cette image de fille fragile. De ne pas savoir faire abstraction du passé. Mais je devais être fixée. Alors qu’il me regardait, hébété, je continuai.
« Tu n’es revenu que parce que Victoria était là. Tu te sentais obligé de m’aider, je le sais. Sans elle, tu seras toujours à Forks. Tu aurai continué de vivre sans moi ».
Tout en craignant sa réaction, je me sentais heureuse. J’avais déballé tout ce qui me tenait à cœur. Etre en paix avec moi- même, débarrassé de poids, était le plus important.
Le visage d’Edward affichait une telle tristesse. Jamais je ne l’avais vu si mal, même lorsque nous nous étions quittés.
« Bella chérie. Ma douce Bella ». Il cherchait ses mots, peut- être craignait- il de me blesser davantage. Il se tut et prit mes mains. Il s’y accrochait comme si sa vie en dépendait. Sa détresse me touchait en plein cœur.
« Oui je t’ai laissé partir. A partir du moment où j’ai franchi le seuil de ta chambre et celui où tu as pris l’avion, je n’ai cessé de me convaincre que j’avais raison. Chaque seconde était une lutte. Mon corps entier te réclamait. J’aurai voulu te rattraper, te supplier de rester. J’avais besoin de toi. Mais toi, tu ne devais plus avoir besoin de moi. C’était une mauvaise chose, tu devais vivre ta vie. Même si je souffrais, c’était l’acte dont j’étais le plus fier de toute ma vie. Et lorsque je t’ai vu à l’aéroport, j’ai dû me retenir pour ne pas hurler. Je n’y croyais pas mes yeux : tu partais définitivement loin de moi ».
Il ferma les yeux. Je suppose qu’il revivait la scène : lui se cachant dans l’aéroport, agrippant le banc sur lequel il était assis afin de ne pas courir à ma rencontre. Je n’en revenais pas que mon départ avait failli ne jamais aboutir. Tout c’était joué de si peu !
« Et pour Victoria, tu as raison. Jamais je ne serai revenu sans cela. J’aurai préféré souffrir le martyr tous les jours de mon immortalité plutôt que de faire marche arrière. Rien ne valait que je vienne perturber à nouveau ta vie, maintenant que tu semblais avoir retrouvé un semblant d’équilibre. Puis, égoïstement, rien ne valait que je doive supporter à nouveau nos adieux. Plutôt être brûlé vif sur le champ, que de voir ton désespoir une nouvelle fois dans tes yeux ».
Alors il reposa mes mains. Il s’écartait quelque peu de moi. Il me laissait le temps d’analyser ses paroles.
Je n’eus pas à réfléchir longtemps. J’étais en colère entre la soudaine distance qu’il avait mise entre nos deux corps. Ne plus le toucher me faisait mal.
Je ne savais pas comment partager avec lui toutes les émotions qui se bousculaient dans ma tête : mon pardon, ma compréhension, ma colère, mon amour, ma tristesse. Alors je lui dis, en souriant.
« Finalement, cette Victoria est un génie ! ».
A ces mots, ses traits se détendirent. Il fit son petit sourire en coin qui me faisait fondre. Une nouvelle fois, il posa ses lèvres sur les miennes.
Les trois jours qui précédaient le retour de ma mère se passaient de la même façon. Nous restions dans ma chambre, ne la quittant que pour que je puisse me nourrir et me doucher.
Notre complicité d’antan était intacte, voire renforcée par notre séparation.
Edward me questionna sur ma nouvelle vie. Je retrouvai son intérêt pour la moindre chose insignifiante de ma vie : le lycée, mes amis, ma mère, ma maladresse, etc.
Mais surtout, nos lèvres ne se trouvaient jamais à plus de cinquante centimètres l’une de l’autre. Mes doigts frôlaient sans cesse sa bouche. Il humait mes cheveux, mon odeur. Une sensualité constante nous entourait. Je réagissais à chacune de ses caresses, de ses baisers. Edward s’autorisait quelques gestes intimes mais ne franchit jamais les limites qu’il s’était fixées. Cela ne m’ennuyait pas. J’avais maintenant tout le temps de le faire changer d’avis.
LE LIVRE D EDWARD
Je regardais Bella sur son lit d’hôpital. Elle me paraissait si frêle, si fragile, si humaine. Comment avais- je pu penser une seule seconde qu’elle ne souffrirait pas de la situation ! J’avais sous- estimée nos différences. Nous appartenions à deux mondes différents. Je ne pourrai jamais lui apporter ce qu’elle est en droit d’attendre de son petit ami. Et elle ne sera jamais totalement à l’abri auprès de moi.
Même si je souhaitais ardemment la garder près de moi, je devais la protéger. Je pris mon courage à deux mains et affichait un regard dur. Me rapprochant quelque peu d’elle afin de sentir une dernière fois son odeur, je lui dis : « Bella, écoute…cette histoire avec James s’est finalement bien terminée. Mais qu’en sera- t- il la prochaine fois ? Car il y en aura d’autres Bella… Je ne serai alors peut- être pas en mesure de te protéger ».
Elle ouvrit sa bouche mais aucun son ne sortit. Elle avala alors difficilement sa salive et me répondit : « Edward, il ne m’arrivera rien. J’ai confiance en toi. Puis il y a les visions d’Alice. Ta famille entière veille sur moi ». Elle essayait de paraître confiante alors qu’elle était terrifiée. Elle guettait ma réaction, se demandant si son petit discours avait réussi à me faire fléchir.
Je devais mettre fin immédiatement à son espoir. Je ne devais pas laisser planer le doute. Je devais me montrer ferme.
« Tu ne comprends pas Bella…Il n’est pas normal que nous devions te défendre. Il n’est pas normal que nous te soumettions au danger si souvent. Non, ce n’est pas bon ».
Elle posa un tel regard sur moi ! Tant de souffrance et d’incompréhension. Elle cherchait au fonds de moi la moindre faille. Elle n’en trouva pas. Elle se mit alors à hurler. Mon cœur sembla m’être arraché dans ma poitrine !
« Non Edward, ne dis pas ça, ne fais pas ça ! Tu n’as pas le droit. J’ai besoin de toi dans ma vie. Pas seulement pour me protéger des vampires mais pour me protéger de moi, de ma vie ! Reste, je t’en supplie ».
Elle n’avait jamais imaginé que je pouvais la faire souffrir. Elle avait eu tord.
Désireux d’abréger sa souffrance, je me levai de son lit. Je déposai un baiser sur ses lèvres. Ce qu’elle était chaudes et douces. J’eus l’impression que je ne serai jamais capable de retirer mes lèvres des siennes. Pourtant, j’y parvins, ne pouvant désormais qu’imaginer leur goût.
J’ajoutai, pour me donner une contenance, pour ne pas flancher :
« Ton père va bientôt arriver Bella. Il ne t’en veut pas, sois rassurée. Ta mère s’occupera bien de toi, à Jacksonville. Tout va bien aller Bella, tout va bien aller ».
Quel lâche ! Je me comportais comme si je me souciais d’elle, moi qui la laissais seule. Je ne pouvais supporter une minute de plus le désespoir que je lisais dans ses yeux chocolat.
J’allais succomber. Je voulais me jeter à ses pieds, lui dire d’oublier mes paroles. La serrer dans mes bras, la couvrir de baiser.
Pourtant je n’en fis rien. Je me levai et effleura sa main avant de partir.
Une fois dehors, je courus à toute vitesse. Je courrai sans réfléchir, juste pour m’éloigner d’elle. Mais qu’avais- je fais ? Plusieurs fois, j’ai fait demi- tour. Pourtant à chaque fois, je repartis. Je revoyais son expression lorsque James la tenait. Non, je ne pouvais définitivement pas l’exposer à nouveau à pareil danger.
Alors que je franchis le Canada, mon cœur continuait d’être transpercé de milliers de coup de couteau.
Une semaine plus tard, je réapparus. Aéroport de Port Angeles. Bella avançait vers l’avion l’air complètement anéantie. Sa démarche était mal assurée. La seule présence de son plâtre ne l’expliquait pas. Elle me donnait l’impression d’accueillir tout le malheur du monde sur ses frêles épaules. Je me détestais : même loin d’elle, je continuai à la faire souffrir. Je tentai de me rassurer : les humains oublient vite. Elle m’oubliera vite, me remplacera par un nouveau Mike. Ce sentiment de jalousie, que je n’avais plus éprouvé depuis longtemps, s’empara à nouveau de moi. Je dus faire un effort pour cesser de l’imaginer dans les bras d’un autre homme. Pour cesser de l’imaginer HEUREUSE dans les bras d’un autre.
Bella agitait sa tête dans tous les sens. Elle me cherchait. Etrange sensation de bonheur et de désespoir qui s’abattait à l’instant sur moi.
Non, elle devait définitivement m’oublier.
Une nouvelle fois, j’étais dans les bois à courir. Mais pouvais- je fuir ma tristesse ? Mes sentiments à son égard ? Ma lâcheté ?
Par reflexe je passai devant chez elle. Je ne sentais plus son odeur. Cette absence de preuves de son existence me fit l’effet d’une claque en pleine figure.
Ma Bella était partie, elle m’avait écouté. Il n’y aurait jamais plus de « nous ».
Mon temps se découpait dorénavant en deux parties : lorsque je traquais Victoria et lorsque je tentai d’oublier Bella.
Mes efforts dans ces deux domaines restaient vains.
Alors que j’avais chargé ma famille- et particulièrement Alice- de rester à l’affût au sujet de notre ennemi, je ne pouvais rien faire pour le second point. Je devais affronter mes propres démons. J’étais persuadé que pulvériser Victoria m’aiderait. J’aurai ainsi l’impression de vraiment tenir paroles à Bella, de la mettre en sécurité. A quoi bon être séparé d’elle si mon éloignement était un obstacle à sa protection ? Plus le temps passait, plus je doutais. Avais-je vraiment fais le bon choix en la quittant ?
Je devais reconnaître que j’avais agis de la sorte pour me protéger moi. Je savais que nous ne pouvions être ensemble et j’avais jugé que le plus tôt serait le mieux. A quoi bon retarder l’inévitable ? Je n’étais pas masochiste : je ne voulais nullement nous construire de nouveaux souvenirs qui viendraient me hanter plus tard. La liste de mes tourments était déjà bien assez longue.
Alice avait des visions très claires de Bella : elle la voyait déjà diplômée et étudiante à l’université.
Ses visions étaient parsemées de temps à autre par des « vides ». J’avais appris par le chef Swan (enfin, en « écoutant » ses pensées) que Jacob était parti la rejoindre. Evidemment. Il n’avait pas attendu longtemps après mon départ. Il la voulait pour lui tout seul. Avoir ses pensées en tête me rendait fou.
Je courais, encore et toujours. Sans aucuns autres buts dans ma vie que de tuer Victoria et d’oublier Bella. Ou du moins de me convaincre que cela était possible…
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Mon errance continuait. Alice s’était rendue à Jacksonville car ses visions étaient de plus en plus précises. Victoria était proche. Cela avait finalement été une fausse alerte. Mais ma sœur était restée quelque temps auprès de Bella. Elles restaient proches malgré ma trahison. Je pouvais aisément comprendre ma sœur. L’on été irrémédiablement attiré par Bella.
Alice refusait de me donner des nouvelles de ma bien-aimée.
« Tout ce que tu as à savoir c’est qu’elle est en vie ». Ma sœur ne me comprenait pas. Toutefois elle respectait ma décision, sachant pertinemment que je ne pouvais prendre que de bonnes décisions pour elle. Toutefois, Alice restait une incorrigible romantique. A l’entendre, seul l’amour suffisait pour faire tenir un couple. Même s’il m’aurait été facile d’adhérer à ce discours, je n’étais pas si naïf.
J’acceptais de n’avoir que peu- voire aucun- retour sur la nouvelle vie de Bella. Je n’avais de toute façon plus à faire partie de son monde dorénavant.
J’étais à Forks depuis quelques jours afin de rassurer Esmée. Ses paroles restaient soucieuses « mais pourquoi l’as-tu laissé partir si cela doit te rendre si malheureux ? ».
Je faisais comme si je le l’entendait pas, je n’avais pas la force de lui répondre. J’avais l’impression que formuler mes motivations à hautes voix diminuait leur pertinence. Comme si m’entendre prononcer que j’avais agis pour son bien devenait sans fondement.
Chacun tentait de m’occuper l’esprit. Emmet me lançait d’innombrables défis durant nos parties de chasse. J’avoue que cela me vidait la tête et me procurait beaucoup de plaisir. De plus, « entendre » les pensées de mon frère était reposant. Pour lui, la situation était simple. Comme il l’aimait à le répéter : « t’as bien fait gamin ! Vu que tu refuses de la transformer, tu l’aurais ‘cassée’ de toute manière ! ». C’était correct, simple et sans équivoque. Parfois, il accompagnait son discours de gestes : bombant le torse, montrant ses bras musclés « et ça, frérot, je peux te l’assurer : pour l’être, fort, on l’est !!! ». Il partait alors de son gros rire et automatiquement, je me laissai à ricaner avec lui.
Carliste, de son côté, avait réussi à me persuader de venir l’aider à nouveau à l’hôpital. Bien que je fusse effectivement diplômé en médecine, je jouais à merveille le rôle du jeune apprenti en stage ! Mes responsabilités étaient minimes mais m’occupaient l’esprit. Et puis, surtout, j’avais l’impression d’apprendre à me maîtriser face au sang humain. Je restais suffisamment idiot pour penser que cela m’aidera, si jamais je retrouvais un jour ma Bella…
Je n’oublierai jamais ce jeudi matin. Alors que je faisais un pansement à une toute jeune fille accrochée dans les bras de sa mère, je tentai de la réconforter.
« Et bien ma petite, tu vas avoir un super pansement. Tu vas voir toutes tes copines vont être jalouses à l’école ». J’avais employé ma voix de velours. Je restais un monstre capable de manipuler les humains avec merveille car elle redressa la tête pour la première fois ! Elle sécha ses larmes et me fixa. J’eus un vif mouvement de recul. Ses yeux. D’un marron chocolat d’une telle profondeur ! C’était trop douloureux, je dus quitter la pièce et demander à une infirmière de me remplacer.
Mes efforts étaient anéantis. J’avais de nouveau besoin d’elle- physiquement.
Je courais jusque chez elle, escaladait sa fenêtre. Je dus rester planter là des heures entières.
Je ne dus me déplacer que pour aller me cacher vers 23heures. Charlie était entré lui aussi dans la chambre de sa fille. Ses yeux étaient humides. Il semblait mal à l’aise, me donnant l’impression de ne pas savoir quoi faire de son corps. Sa fille lui manquait. Lui aussi tentait de se persuader qu’elle avait bien fait de partir, qu’elle devait certainement être heureuse maintenant. Lui aussi se trouvait égoïste car il voulait la garder près de lui. J’avais énormément de sympathie pour lui. J’avais envie de sortir de ma cachette, de lui dire que je le comprenais, que ma vie sans elle était vide pour moi aussi. Bien- sûr je ne fis rien. J’étais le méchant dans cette histoire, je devais rester caché, en retrait. Dans l’ombre.
Une fois Charlie partit, je m’autorisais à m’allonger sur le lit. J’humai profondément mais rien. Aucune trace de Bella. Je n’en avais de toute façon pas besoin. Sa fragrance était intacte dans ma mémoire. La soif me brûlait la gorge, signe que je me rappelai tout parfaitement.
Ce n’est qu’au petit matin que je quittais la pièce. Je n’étais même pas sûr d’en avoir l’envie ni la force.
C’est à partir de ce jour que je passais toutes mes nuits dans sa chambre.
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Alice me téléphona une nuit, alors que j’étais allongé dans la chambre de Bella. En une fraction de seconde, j’étais dehors. J’écoutais Charlie, afin de vérifier si je ne le l’avais pas réveillé. Il dormait toujours paisiblement.
Un affolement en amenant un autre, je remarquai que c’était Alice qui essayait de me joindre.
« Edward, Victoria va la tuer ». Il ne m’en fallait pas plus. J’arrivai à la villa en moins de temps qu’il fallait pour le dire.
Alice et Jasper étaient déjà en train de faire leurs valises. Esmée avait déjà rassemblé mes affaires dans le corridor. « Je suis certaine que tu vas y aller » pensa- t- elle.
Cela devait être sérieux. Une boule vint prendre place dans mon ventre. Je savais qu’elle ne partirait qu’une fois que Victoria sera détruite.
Tout se passa très vite, sans qu’aucune parole ne soit prononcée. Je vis la vision d’Alice. Je vis Victoria qui, profitant d’une brève absence de Jacob, s’attaqua à Bella. Elle avait un petit rire sadique. Elle la tua précipitamment, n’ayant même pas été capable de la torturer comme elle le souhaitait. Elle était trop impatience, emplie de désir et de vengeance. Je vis surtout Bella qui ne lutta pas. Elle était résignée, acceptait son sort. C’en fut trop, je bloquais les pensées de ma sœur. Voir Bella ne pas résister du tout me coupa le souffle. Ainsi, elle tenait si peu à la vie ! Qu’avais- je fait…
Je n’eus pas le temps de me complaire dans ma culpabilité. Déjà, nous foncions vers l’aéroport.
J’étais heureux qu’Alice et Jasper m’accompagnent. Je n’aurais pas été assez fort pour y aller seul. Je ne savais pas comment j’allais réagir.
Arrivée à Jacksonville. Il faisait nuit noire, fort heureusement pour nous ! Je pouvais toutefois sentir l’odeur du soleil et des fleurs. Bella devait bien se sentir ici. C’était une région faite pour elle, où je n’avais décidément pas ma place.
Alice nous conduisit à la maison de Bella. A peine arrivé au coin de la rue, je la sentis. Je stoppai net. Je n’étais pas prêt. Je ne pouvais faire face à la vague d’enivrement qui m’envahit. Quel bonheur de la sentir ! Mais surtout elle était encore vivante. J’aurai donné ma vie pour elle pour qu’il en soit toujours ainsi.
Puis je sentis cette atroce odeur. Les loups- garous. Bien évidemment, il n’était jamais loin. La jalousie me piqua, alors que j’imaginais Jacob partager la vie de Bella. Ils avaient dû certainement s’assoir sur ce banc. Il avait mangé avec la famille de Bella. Peut- être même avait- il pénétré dans sa chambre.
Très vite pourtant, je perçus d’autres odeurs similaires. La meute était là. Ils étaient certainement au courant de la présence de Victoria et la traquait. J’avais beau détester Jacob de tous mes membres, je devais reconnaître qu’il prenait soin d’elle.
Nous suivîmes la trace. Nous comprîmes que les loups s’étaient séparés afin d’encercler Victoria. Le vampire était en effet pris au piège.
Alice et Jasper partirent vers l’est et moi vers l’ouest.
J’étais tout entier concentré à la chasse. Mon envie de meurtre n’avait jamais été si grande. Le venin m’emplissait la bouche. J’en avais trop, j’avais l’impression que j’allais m’étouffer. Mes muscles étaient contractés à leur maximum. Jamais je n’avais couru aussi vite, jamais je n’avais été aussi alerte aux stimuli de mon environnement.
C’est alors que je sentis. La peur. Victoria se trouvait à
Elle était devant moi, toutes canines dehors. Ses yeux passaient de gauche à droite à une vitesse alarmante. Je n’arrivai même pas à entendre ses pensées tant elle était affolée. Elle cherchait un moyen de m’échapper. Elle savait déjà que si elle ne l’y parvenait pas, j’aurai le dessus. Un nouveau flux de venin remplit alors ma bouche.
Sa réaction l’a conduisit immédiatement à sa perte. Elle le savait.
Elle avait choisi de prendre la fuite. J’étais presque déçu que cela soit si facile ! Quelle idiote, elle ne m’avait même pas offert un combat à la loyal.
A peine son dos tourné, je lui bondi dessus. J’arrachai immédiatement un morceau de chair, ne cherchant même pas à savoir de quelle partie de son corps il s’agissait. Je m’en moquai de toute façon. Seul m’importait qu’elle meure mais qu’avant, elle souffre !
Victoria trouva tout de même la force de lutter ! Le combat faisait rage, faisant naître en moi un sadisme que je ne me connaissais pas.
A cet instant je n’étais plus Edward Cullen. J’étais un vampire. J’étais un monstre. J’étais son bourreau.
Je la démembrais lentement, membre après membre. Je ne pris même pas la peine de la décapiter. Cela aurait été trop simple. Je voulais qu’elle me voie. Qu’elle emporte avec elle- à jamais- mon regard.
Elle avait osé envisager de tuer mon amour. J’étais hors de contrôle, la pulvérisant littéralement.
Alors que je lui accordai le coup de grâce- non sans un certain regret- je lui souris ! Je voulais qu’elle ait peur jusqu’au bout.
Non, décidément, la moindre parcelle d’humanité que Bella avait fait naître en moi n’était plus.
Alice et Jasper arrivèrent peu après.
Le feu venait de prendre. J’étais assis à côté, ne voulait rien rater du spectacle.
Jasper vint se poster près de moi. Il me mit la main sur l’épaule mais ne dit rien. Il savait qu’il aurait fait pareil. Que celui qui s’en serait pris à Alice serait dans le même état.
La réaction d’Alice, par contre, m’étonna. Elle était bouche- bée, regardant d’un air presque désolé le corps en morceaux de Victoria. Je pouvais l’entendre, elle s’inquiétait pour moi. Elle ne savait pas ce que j’étais devenu et cela l’inquiétait.
Alice était décidément la plus humaine d’entre nous.
Alice et Jasper restaient assis en silence quelque temps. Ils me laissaient certainement le temps d’intégrer que Bella ne risquait plus rien.
Cela n’était pas ce qui occupait mon esprit. Bien- sûr j’étais heureux que Bella soit en sécurité. Pourtant, je savais que je n’avais plus aucune raison de m’inquiéter pour elle. Alice n’avait plus à la surveiller. Je n’avais plus d’excuse pour continuer d’avoir un regard sur sa vie. Ce vide me faisait peur.
Passer d’un tel état d’euphorie à un tel abattement était un supplice sans nom…
Pourtant nous dûmes partir. Les loups arrivaient. Nous les observions, cachés dans les arbres.
Bien qu’il fût étonné de trouver Victoria dans cette état, ils conclurent qu’un vampire- « certainement Alice » déclara Jacob- avait dû s’en charger.
Après s’être assuré que le feu n’avait rien laissé du prédateur, ils quittèrent les lieux. Ils étaient tout heureux d’annoncer la nouvelle à Bella.
Que j’aurai aimé être comme eux. Me satisfaire de peu de choses, accepter si facilement ma vie.
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Alice et Jasper voulaient rentrer directement afin de rassurer les autres.
Jasper se tourna vers moi. « Tu ne comptes pas partir, n’est- ce pas ? ». Jasper me connaissait bien.
« Oh ouiiiiiiiiiiiii, Edward !!!Va chercher Bella, qu’elle rentre avec nous !!! Elle me manque tellement ». Alice était surexcitée, s’imaginait déjà retrouver son amie.
« Alice pour l’amour du ciel ! Arrête, je n’ai rien décidé du tout ! Je veux juste voir si elle va bien… ». Ma voix était faussement énervée. J’aimais voir ma sœur trépigner d’impatience. Et je me surpris en effet à croire qu’il serait envisageable que je reconquiers Bella.
Alice eut soudain les yeux figés dans le vide. Elle avait une vision.
Elle me sourit de toutes ses dents !!!Qu’elle était agaçante. Je vis très bien ce qu’elle avait vu : Bella et moi. Ensemble.
Je tentai de ne pas sourire à mon tour. J’aurai désiré cela plus que tout au monde. Victoria était morte mais je soumettrai tout de même Bella à bien d’autres dangers. Je n’étais pas prêt à renoncer à mes bonnes résolutions : offrir à Bella une belle vie humaine. Je ne faisais évidement pas partie de ce plan !
Alice prit violement la main de Jasper et partit sans me dire au revoir. Elle boudait ! Elle avait certainement « vu » que le futur changeait à nouveau, maintenant que mes idées noires avaient repris le dessus.
J’étais heureux d’être seul. J’avais besoin d’être auprès d’elle. L’éloignement géographique entre nous deux était devenu un supplice que je parvenais tant bien que mal à gérer. Me savoir actuellement si près d’elle sans la voir était différent. Tout mon corps criait son nom.
J’avais besoin de la sentir, de la voir, de l’entendre.
J’avais besoin de la retrouver. De me retrouver. D’être l’Edward si heureux que j’avais été.
J’étais caché derrière sa maison. Assez loin pour que les loups ne me « sentent » pas.
J’entendais Bella rire aux éclats. Toute la meute était là. Jacob était là. Ils mangeaient et partageaient leur victoire contre Victoria.
Ces rires résonnaient en moi. Atroce. Qu’il était cruel de la voir si heureuse. Avec lui. Sans moi.
Je faillis partir. Dégouté d’assister à l’ironie de la vie, impuissant. Jake était auprès d’elle et récoltait les lauriers d’un combat auquel il n’avait même pas pris part. Et moi, j’étais dans un coin tel un paria.
Alors que je m’éloignais, une pensée de Jacob attira mon attention. Il semblait tracassé pour Bella. Est- elle malade ? Déjà, je faisais demi- tour.
Non, elle souhaitait juste prendre l’air, s’aérer. J’imaginais en effet l’odeur et la chaleur qui devait régner dans la maison, avec autant de loups !
Je la suivais du regard. Elle était si belle. L’avait –elle toujours été à ce point -là ou était –ce son absence qui provoquait cela en moi ? Toujours est- il qu’elle me donna l’impression d’être une déesse grecque. Ses cheveux étaient quelque peu plus clairs. Elle était vêtue d’une robe légère et simple. Cela mettait son corps en valeur. J’eus immédiatement une bouffée de jalousie, à imaginer Jacob profiter de ce doux spectacle. Pourtant, bien vite, je fus à nouveau plongé dans la contemplation de ma douce. Ses épaules étaient nues. La courbe de ses bras était parfaite : d’une couleur laiteuse et d’une telle fragilité. Ma Bella était un ange. Elle était parfaite.
Elle s’installe et regarda le ciel. Elle semblait songeuse, totalement perdue dans ses pensées. Ce qu’il était frustrant de ne pas savoir la « lire » ! Pensait- elle à lui ?
Puis soudain, elle se mit à parler. J’eus l’impression que les cieux étaient avec moi. J’acceptai leurs cadeaux avec le plus grand bonheur.
Sa voix, si pure chantait presque ces merveilleuses paroles. Elle parlait de moi « Edward…tu me manques. Je n’arrive pas à t’oublier, je ne le veux pas. J’ai respecté ta décision. Encore aujourd’hui, je m’en mords les doigts. Je ne sais pas pourquoi j’ai accepté. Tu as toujours eu cet effet bizarre sur moi, comme si j’étais incapable de raisonner en ta présence. J’aimerais que tu me reviennes, j’aimerais juste te revoir. Tu sais, je ne suis qu’une humaine et ton visage commence à s’effacer tout doucement dans ma mémoire ! C’est atroce. Je te promets, chaque soir, je tente de redessiner tes traits mais cela devient de moins en moins précis au fil du temps. Tu n’es plus l’ange que j’ai connu. Et cela me fait peur. Comment pourrais- je vivre sans avoir une image précise de toi en moi ? Reviens, Edward. Reviens. Reviens. ».
Qu’on me condamne à l’enfer sur le champ s’il le faut ! Je n’attendais rien de plus de la vie ! Bella pensait à moi. Je lui manquais. Elle s’en voulait ! J’avais envie de la prendre dans mes bras, de lui dire de ne pas s’en faire, lui dire que tout allait s’arranger. Je voulais la regarder pendant des heures, la toucher. Je l’aurai rassuré sur l’intensité de mon amour : oui elle était toute ma vie. J’aurai renoncé à tout pour elle : aux miens, à mon immortalité, à tout.
Puis j’entendis Jacob. Il la cherchait. En une seconde, je retombai dans la réalité.
Il n’y avait qu’une chose que je ne sacrifierai jamais : sa vie.
Jamais je ne la tuerai et jamais je ne la transformerai.
Jamais je ne créerai une autre Bella.
Je l’aimais comme elle était actuellement et je refusais d’être la cause de sa perte.
Jacob s’approchait d’elle. Il tenait un gilet dans ses mains. Bella l’entendit arriver et lui souris. Elle semblait heureuse d’être à ses côtés.
J’eus l’impression d’être transpercé de toutes parts.
Il lui passa le gilet, elle se laissa faire. Elle l’autorisait à la toucher.
J’entendais les pensés du loup. Il était aussi perturbé par ce contact. Ce que j’entendis me plu.
« Calme-toi Jake ! Elle a été très clair : on est juste amis…Ne fais rien qui pourrait lui donner envie de mettre de la distance entre toi et elle…Tout ça à cause de ce stupide buveur de sang ! Elle arrivera jamais à l’oublier…elle ne me verra jamais ! ».
Je partis. Ou plutôt je m’enfuis. J’avais honte d’avoir apprécié les pensées de Jacob. Bella ne l’avait pas choisi. Elle ne pouvait pas m’oublier et ne cherchait pas du réconfort en lui. Jacob me considérait encore comme un rival malgré que j’étais absent de la vie de notre objet de désir commun.
Je m’en voulais de ne pas désirer simplement son bonheur.
Tout comme mon corps, mes pensées vagabondaient à vive allure.
Je savais que je reviendrais un jour à Jacksonville.
J’étais loin de me douter que ce serait si rapidement…
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