Je n’aurais su dire depuis combien de temps ma douce était dans mes bras, à m’embrasser. Une seconde ou trois jours ? Je n’avais plus aucune notion du temps, seule la douceur de ses lèvres avait une emprise sur moi.
« Hum…hum…euh gamin, n’oublie pas qu’elle est humaine ! Tu vas nous la casser la ptite Bella ! » s’exclama Emmet. Tout le monde se mit à rire.
Bella ma fit un clin d’œil. Elle ne lâcha ma main à aucun moment durant les deux jours où ma famille resta auprès d’elle. Bien qu’elle fût désireuse d’être seule avec moi, Bella profita de la présence des Cullen. Elle était radieuse, tout sourire. Je n’avais, encore une fois de plus, pensé qu’à moi. Evidemment qu’ils lui manquaient. Bella m’avait perdu mais c’était le cas pour eux aussi. Je l’admirai savourer chaque instants. Elle était si pleine de vie. Tantôt câline avec Esmée et Alice, tantôt une vraie petite diablesse avec mes frères. Elle était dans son élément. Comment avais- je pu être assez idiot pour croire que cette vie ne lui convenait pas. J’avais autant besoin de Bella qu’elle d’eux.
Je fermai les yeux, écoutant les rires de Bella dans la pièce d’à coté. Juste savourer l’instant présent, le bien- être de ma chérie.
Les « au revoir » d’avec ma famille arrivèrent enfin. J’étais impatient d’être seule avec Bella. Ses larmes roulaient alors que nous les voyons s’éloigner à l’horizon.
Mais ma Bella a une très bonne capacité d’adaptation ! En une seconde, un sourire à me faire tomber à la renverse, illumina son visage.
Elle redevenait ma Bella et non plus
Sentir sa main dans la mienne me rappela que nous étions seuls à la maison. Renée était toujours en voyage avec Phil. J’étais traversé de désir, je n’avais qu’une seule hâte : embrasser encore et encore ma chérie.
Pourtant, je fus pris au dépourvu par la réaction de Bella. Elle semblait mal à l’aise, voire fâchée.
N’y tenant plus, je lui dis : « Bella, je t’en supplie, dis moi ce qui ne va pas. Je te sens totalement ailleurs. Cela m’est insupportable de te regarder souffrir et de ne rien faire ».
Le visage de Bella était fermé, dur. Je redoutais ses paroles. Elle me dit : « Je veux qu’on parle de ce qui s’est passé après ma sortie de l’hôpital ».
« Ooooh Bella, c’était donc cela. Je regrette, vraiment. J’ai agis comme un idiot. Pardonne-moi. Nous allons recommencer ma chérie. Nous allons être heureux maintenant ».
Je pensais que mes paroles allaient rencontrer ses attentes. J’avais une nouvelle fois tord, elle se raidit davantage en m’entendant.
« Mais Edward, tu m’as laissée. Je suis partie comme tu me l’as demandé. Tu ne m’as pas retenu. Tu as quitté ma chambre et tu n’es jamais revenu me chercher. J’ai cru jusqu’au bout que tu te serais aperçu que tu t’étais trompé. Mais non, je suis partie et tu n’es pas venu ! Tu m’as tellement fait souffrir ! Est- il si facile de m’oublier ? ».
Elle pleurait. Elle était secouée par les sanglots. Mon dieu, j’étais vraiment un monstre. En une fraction de seconde, mes doutes étaient revenus : la méritais- je vraiment ? J’étais fatigué de tous ces rebondissements, j’aspirai juste à vivre mon amour sereinement. Elle n’avait pas l’air de cet avis et sur enrichit.
« Tu n’es revenu que parce que Victoria était là. Tu te sentais obligé de m’aider, je le sais. Sans elle, tu seras toujours à Forks. Tu aurai continué de vivre sans moi ».
J’étais estomaqué ! Elle avait tant de colère et de tristesse en elle.
« Bella chérie. Ma douce Bella ». Je lui pris mes mains et les serra fort, comme si c’était la dernière fois qu’elle m’autorisait à la toucher.
« Oui je t’ai laissé partir. A partir du moment où j’ai franchi le seuil de ta chambre et celui où tu as pris l’avion, je n’ai cessé de me convaincre que j’avais raison. Chaque seconde était une lutte. Mon corps entier te réclamait. J’aurai voulu te rattraper, te supplier de rester. J’avais besoin de toi. Mais toi, tu ne devais plus avoir besoin de moi. C’était une mauvaise chose, tu devais vivre ta vie. Même si je souffrais, c’était l’acte dont j’étais le plus fier de toute ma vie. Et lorsque je t’ai vu à l’aéroport, j’ai dû me retenir pour ne pas hurler. Je n’y croyais pas mes yeux : tu partais définitivement loin de moi ».
Je revivais la scène en même temps que je la lui décrivais. Les images qui défilaient dans ma tête étaient tout de même floues. J’étais alors tellement triste, j’agissais comme un zombie. Cette impression de ne plus avoir aucun contrôle ni sur mon corps, ni sur ma vie. Agonie.
Mais je devais me ressaisir. Bella attendait, était en recherche du petit mot qui changerait tout, qui lui redonnerait confiance en moi. Je le voyais à ses yeux, à la façon dont elle me regardait. Ils criaient « Edward, s’il te plait, sauve notre couple, sauve nous ! ». Je n’avais pas le temps de me sauver moi- même, je devais agir pour nous. Je décidai donc d’être franc, c’était tout ce que j’étais capable de lui donner à l’instant.
« Et pour Victoria, tu as raison. Jamais je ne serai revenu sans cela. J’aurai préféré souffrir le martyr tous les jours de mon immortalité plutôt que de faire marche arrière. Rien ne valait que je vienne perturber à nouveau ta vie, maintenant que tu semblais avoir retrouvé un semblant d’équilibre. Puis, égoïstement, rien ne valait que je doive supporter à nouveau nos adieux. Plutôt être brûlé vif sur le champ, que de voir ton désespoir une nouvelle fois dans tes yeux ».
J’étais épuisé, anéanti. Comme si revivre cette douleur m’avait ôté toute énergie. Je lâchais ses mains. J’avais honte de moi. Je venais de lui dire exactement les paroles qu’elle n’avait pas besoin d’entendre. J’avais dit ce qui me tracassait, sans prendre conscience de l’impact que cela aurait sur elle.
Evidemment, elle allait tenter de me consoler, de me dire que j’avais tord. Bella était la gentillesse incarnée. Elle prendrait sur elle, quitte à être malheureuse tant que ma peine serait amoindrie.
J’avais raison. Déjà la colère avait disparu de ses yeux. Je pouvais y lire la pitié.
Avais- je raison ou m’étais- je enfermé moi- même dans mon rôle de martyr ?
Je la coupai dans son élan. « Bella, j’étais sérieux tu sais. Je ne serai vraiment pas revenu. J’ai presque 100 ans mais je ne sais toujours pas où se situe la frontière entre le bien et le mal. Faut- il mieux rester près de toi et de rendre heureuse ou partir à jamais pour te donner une chance de vivre ? Je n’ai pas la réponse et je pense qu’elle n’existe d’ailleurs pas. J’ai perdu ma vie Bella. Je ferai tout ce que je peux pour la récupérer. Je ne veux pas ôter la tienne ni même te faire perdre ton temps. La vie humaine est courte ma Bella ! Tu dois profiter de chaque instant. Je reste persuadé que je suis un obstacle à ton bonheur. Alors je te promets que si je constatais que ma situation te rend un jour malheureuse, je repartirai. Même si toi tu ne le sauras pas, je remarquerai que je ne t’apporte plus rien de bon. Bella, aimer c’est donner le meilleur à l’autre ».
Mes mots résonnaient dans ma tête. Les entendre sortir de ma bouche les rendaient encore plus graves. J’étais à deux doigts de partir, une nouvelle fois.
« Edward. Je sais tout ça. Je sais que tu ne veux que mon bonheur. Sois rassuré, je veux être heureuse. Je ne suis pas une de ses adolescentes avec des fantasmes étranges. J’aime vivre et j’aimerais vivre cela avec toi. Comment pourrais- je aspirer à autre chose alors que je te connais ? Renoncer à toi, c’est renoncer à mon bonheur. Mais si le seul moyen de te garder est de te promettre que j’accepterai que tu partes pour mon bien, alors je t’en fais le serment. J’accepte tes conditions car elles sont bonnes pour moi. Alors s’il te plait mon amour, chasse ses idées. Tout ce que je veux maintenant, c’est t’embrasser ».
Bella avait posé ses mots calmement. Voir qu’elle me comprenait et qu’elle acceptait les choses me donna foi en nous : peut –être aurons nous une chance que cela fonctionne entre nous…
Alors je l’embrassai.
Nous vécûmes trois jours de tendresse absolue. Être simplement avec elle.
Je ne pouvais satisfaire ma soif d’elle, de plonger mon regard dans le sien, de gouter son arôme, de la toucher.
Jamais nous n’avions été aussi proches. Nous étions un.
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